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Sud Languedoc Magazine N° 4, Août 2021
M O N T O L I E U H I S T O I R E D E T E R R O I R S
Rien ne dit qu’ouvrir sa librairie est toujours rentable.
Car les livres, c’est bien le cœur du village, son mur porteur, son
projet originel. Sébastien, bouquiniste dans le village depuis
2004, ne le sait que trop. Ces derniers mois, bien que rien ne l’y
oblige (les librairies ayant été requalifiées de « commerces de
première nécessité » en novembre), sa boutique n’était ouverte
que 16h par semaine, au lieu de la quarantaine habituelle. « Ça
ne valait pas le coup », soupire-t-il.
Son activité s’est du coup déplacée sur le net : s’il refuse Amazon,
il ne rechigne pas à utiliser eBay. « La tradition de la vente par correspondance dans le livre date du
XIXème siècle, nous explique-t-il. À présent, ces catalogues sont
virtuels, mais pas moins efficaces. Et en cette fin mai déconfinée, si
les visites reprennent en continuant sur le rythme de ce week-end
d’Ascension, nous devrions avoir une belle reprise d’activité »
prévoit-il. L’avantage de ce que beaucoup appellent « l’effet
post-confinement » : l’élargissement d’une clientèle qui change ses
plans et part plus volontiers à la recherche de pépites locales.
Héritier de cette tradition de livres d’occasion, Montolieu fait donc
la part belle aux bouquinistes-brocanteurs. Un travail toutefois bien
différent de celui des libraires indépendants, comme nous l’explique
Marie. « Contes & Gribouille », spécialisée jeunesse, est la seule
librairie indépendante du village. Ce qui n’est pas simple : trop
petite pour vendre en ligne, installée depuis septembre 2020 après
plusieurs années en itinérance sur les marchés, elle n’a pas pu
bénéficier des aides du gouvernement, et a bien failli fermer. Selon elle, le Covid a accéléré des
tendances de fond et s’est greffé à un contexte économique et politique local déjà problématique.
Côté restauration enfin, l’optimisme est au rendez-vous, mais contrairement à ce qu’on pouvait
imaginer, ce 19 mai est perçu comme une date plus
symbolique qu’autre chose. Franck, propriétaire de la
Manufacture et de l’Apostrophe, le restaurant du
lieu, tempère notre enthousiasme. « Sur cinq
restaurants dans le village, seuls trois ont rouvert leur
terrasse. Jauges réduites, météo catastrophique… Rien
ne dit qu’ouvrir est toujours rentable ». « J’ai l’habitude de
faire à manger pour 200 personnes, de dresser un
barbecue géant et d’être une attraction, plaisante ce chef
cuistot. Vivement ! » Autrement, il ne s’en fait pas :
si les Français suivent le même rythme que l’été dernier, privilégiant la découverte du pays aux voyages
à l’étranger, il devrait faire carton plein.
http://www.montolieu-livre.fr